mercredi 16 octobre 2013

Coup de gueule - Mais où va notre sport?

Cela fait déjà de nombreux mois que j'avais en grande partie écrit cet article. Depuis, ma participation au Spartathlon n'a fait que renforcer mes convictions! Celles et ceux qui ont lu l'ouvrage de Serge Cottereau ou suivi un de ses stages comprendront également.

Je ne vais pas me faire que des amis en écrivant ce qui suit, mais ça n'est pas mon style de vouloir faire plaisir à tout le monde. Cela fait longtemps que ça me démangeait...

Personne ne peut passer au travers du fait, que depuis quelques années, le milieu de la course à pied est de plus en plus exploité au niveau mercantile. C'est devenu un marché de masse dans lequel le sportif est uniquement perçu en termes de potentiel de dépenses, et cela couvre un large spectre: matériel, nutrition, inscriptions aux courses, coaching, épreuves "fun" au tarifs moins fun...

On en oublierait presque que pour courir, une paire de chaussures et quelques vêtements suffisent, et éventuellement une inscription dans un club ou une association pour le coté convivial, pédagogique, voire compétitif.

La course à pied serait-elle en passe de passer du statut de sport populaire et peu onéreux à celui de sport de "bobo CSP+" (MDP, UTMB, MDS, 10 bornes à 20 Euros, pseudos cross, parcours d'obstacles à XX Euros n'ayant plus grand chose à voir avec la course à pied, ...)? Il y a même une épreuve qui s'appelle "Spartan" quelque chose, bravo pour la récupération de ce nom mythique...
Cela semble déjà irréversible pour ce qui est des "grands" marathons et des ultra trails les plus connus.

Mais bon, cela n'est que le reflet de la société de consommation, chacun est libre de consommer ou non...

Ce qui me dérange le plus en fait, c'est que le milieu est infiltré par un nombre croissant d'internautes / bloggeurs / sites / réseaux sociaux spécialisés / ... plus ou moins "influents", qui sous-prétexte de propager la bonne parole sur les bienfaits de ce sport et d'informer, font le jeu des marques en en citant une par ligne de compte rendu, en effectuant des tests plus ou moins bidons, en rédigeant des publi-reportages, en organisant des "événements" sponsorisés, ...
Plus moyen de faire une recherche sur Internet sans tomber sur un de ces pseudos articles où l'on apprend surtout quelle est la gamme de "Tartempion" ou le nom du dernier gadget à la mode, avec tant qu'on y est un lien vers le site marchand qui va bien...
Ce phénomène, essentiellement Parisien au départ, se répand désormais dans tout l'hexagone.

Si encore la compétence (et les performances) des "auteurs" étaient au rendez vous, cela leur donnerait un semblant de crédibilité... Mais celles-ci semblent bien être inversement proportionnelles au volume de publicité diffusée!

Aucun secteur d'activité lié à la course à pied (pardon il faut dire "running" sinon on passe pour un ringard) n'échappe à cette frénésie consumériste: chaussures, textiles, accessoires, électronique, nutrition, boutiques spécialisées, magazines, coaching, stages, et je dois en oublier pas mal...

Je pense qu'une majorité de ces auteurs s'est laissée prendre petit à petit à ce petit jeu sans trop s'en rendre compte, avec le désir de bien faire et de partager une passion, en se laissant manipuler plus ou moins inconsciemment par des marques ou d'autres bloggeurs plus "pros" et eux beaucoup moins désintéressés...
Essayez de prendre un peu de recul: vous ne vous trouvez pas ridicules de sortir en meute avec un t-shirt de la marque "Truc" ou du site "Machin", des chaussettes de contention Machin, ... Quelle image donnez vous de notre sport? Vous n'êtes donc que des hommes ou des femmes sandwhich?

Les magazines vont évidemment dans le sens de cette tendance car il faut bien attirer les annonceurs: grosses organisations de marathons, trail, et maintenant courses "fun", vendeurs de matériel en tout genre n'ayant de plus en plus souvent plus grand chose à voir avec la course à pied; l'apologie de l'entraînement croisé, de la musculation, du "crossfit", ... font exploser le chiffre d'affaires et le budget de ceux qui y croient... Idem dans le domaine de la nutrition et du médical: si tu n'as pas ton nutritionniste, ton médecin du sport, ton kiné, ... tu es "has been". La société du "zapping" n'épargne donc plus la course à pied qui pour moi est justement à la base un bon moyen de s'y soustraire.

Pensez au bonheur simple de courir pour le plaisir, seul ou avec des potes, dans un club éventuellement, au plaisir de progresser dans la durée, de trouver le bon geste, d'apprendre, puis de transmettre.

Heureusement que cet état d'esprit n'a pas (encore) contaminé les adeptes de l'ultramarathon sur route, c'est sans doute en partie pour cela que c'est ma discipline préférée, un peu comme un village Gaulois résistant aux envahisseurs (et cela n'est sans doute pas un hasard si les bretons sont bien représentés...).
C'est bien cette philosophie de la course pour le plaisir désintéressé dans l'effort que je suis allé chercher fin Septembre entre Athènes et Sparte, la volonté d'aller au bout de soi-même sans arrière pensée, et je n'ai pas été déçu!

Enfin, par honnêteté intellectuelle, et aussi parce que je n'ai jamais prétendu être un sportif de haut niveau, et loin de là, j'ai préféré cesser ma collaboration avec Effinov Nutrition, même si je continue à utiliser leurs produits, mais dans une moindre mesure, car je m'oriente petit à petit vers une alimentation plus naturelle en course, mais cela fera l'objet d'un autre article.

Et vous, qu'en pensez vous?

samedi 12 octobre 2013

Spartathlon 2013 – Pour une couronne d'olivier perdue

Prologue


J'ai écrit ce CR de la course sans consulter l'enregistrement de mon Polar, seulement avec le souvenir de mes sensations. J'ai donc facilement pu oublier ou intervertir des événements. Je donne seulement quelques chiffres, ceux que j'ai mémorisés. Je verrai par la suite si ça colle ou pas.

Cela faisait plus de trois ans, c'est à dire à l'époque de mon premier 100 bornes au printemps 2010 que je fantasmais sur cette épreuve mythique, ces fameux 245,3 (ou un peu plus?) d'asphalte entre l'Acropole à Athènes et la statue de Léonidas à Sparte, avec le fameux passage de la montagne via un sentier escarpé à gravir dans la nuit aux deux tiers de la distance. Une course qui n'est ni la plus longue, ni la plus vallonnée, ni la plus chaude, ni la plus belle au niveau du parcours, mais qui est un peu tout ça, et qui surtout, avec ses barrières horaires impitoyables ne laisse place ni à l'erreur, ni au repos pour atteindre Sparte avant 19 heures le samedi en étant parti d'Athènes à 7 heures dans les lueurs de l'aube.

J'avais bien sûr étudié la course et même réalisé un dossier sur mon blog, lu des kilomètres de CR, regardé des heures de vidéos, mais je ne me sentais pas prêt, car bien que maîtrisant assez bien le 100 km et possédant une réserve de « vitesse » à priori amplement suffisante pour aborder sereinement le Sparte (8H24 à Belvès au printemps), j'avais échoué dans mes trois dernières tentatives sur des courses de durée supérieure après des débuts réussis à Vierzon il y a deux ans (227,6 km) :
  • abandon à l'Ultrabalaton en Hongrie au printemps 2012 (j'ai mal géré les plus de 40°C) au bout de 162 km (sur 212).
  • plus d'envie au Championnats de France de 24H à Vierzon en 2012 (je suis allé dormir après 100 km de course alors que j'aurais pu poursuivre mais la marque de 230 km était déjà devenue inaccessible, et je n'étais plus motivé).
  • Et surtout abandon sur blessure à la hanche droite après 170 km aux 24H des Yvelines début Juin de cette année alors qu'au contraire je réalisais une bonne course avec du plaisir et sans trop forcer sur des bases de 215 km.

Cette blessure s'est produite quelques jours seulement après que j'ai envoyé mon paiement de 400 € pour l'inscription, si elle s'était produite juste avant, il est probable que j'aurais renoncé, mon billet d'avion étant remboursable.

Après divers diagnostics erronés (fracture de fatigue, tendinite), il s'avéra que s'était un soucis cartilagineux avec épanchement de synovie, en clair une forme d'arthrose. J'ai pu reprendre progressivement l'entraînement en Juillet, puis effectuer un mois d'Août honorable au niveau kilométrique (620 km), conclu par un 9H30 sans forcer et sans signe de blessure aux 100 km de Theillay. En Septembre je n'ai pas fait grand chose car j'ai attrapé la crève et ça a duré près de trois semaines (tout juste terminé avant le Sparte), et surtout j'ai eu une petite gêne au genou droit sur une ou deux séances. Mais comme les conseils avisés de coureurs ayant déjà terminé le Sparte (Denis Dupoirieux, Christophe Rochotte) étaient de ne pas en faire beaucoup deux, et plutôt trois semaines avant la course, je me suis dit qu'au moins j'allais me présenter frais aussi bien physiquement que mentalement.

Sur le plan du contenu de l'entraînement, c'était assez varié, avec le plus souvent une séance proche de l'allure marathon le samedi (15 à 20 km à cette allure) servent de pré-fatigue à une sortie longue le dimanche (plus ou moins un marathon vallonné avec un peu de marche rapide en côte), et souvent, en plus des sorties de récupération, deux autres séance qualitatives dans la semaine : une de résistance dure (allure 10 km le plus souvent, genre 8 x 1000m), et une séance rapide (des 200, 300, ou 400m avec beaucoup de temps de récup pour travailler la foulée).
Par contre, je n'ai fait qu'une seule séance de nuit, et quasiment pas de travail en excentrique en descente de peur de me re-blesser. Je n'ai pas non plus utilisé mes VFF pour les mêmes raisons.
Quand je compare mon kilométrage avec celui de certains,, je me sentais davantage préparé à courir un marathon en 2H50 (chrono que me laissait entrevoir mes sensations et mon cardio) qu'à terminer le Spartathlon. J'aurais peut-être mieux fait d'aller à Berlin qu'à Athènes...
Pour la chaleur, j'étais relativement bien préparé, ayant couru pas mal de fois dans la fourchette 28 / 35 degrés sans soucis particulier.
Par contre, j'ai fait l'impasse sur la partie trail, ne voulant pas là non plus prendre de risque. Mon entraînement a été 20% piste / 80% bitume.
Et comme d'habitude, ma préparation n'a comporté que de la course à pied, aucun entraînement croisé (à part un peu de marche rapide), zéro musculation. Tout juste si j'ai fait quelques séries de pompes et quelques étirements. Je mise tout sur l'équilibre, passer en finesse et non en force, le plus relâché possible le plus longtemps possible.

Sur le plan mental, j'ai voulu faire un peu le vide et me retrouver avec moi-même. J'ai donc déserté Internet (forum ADDM, Facebook, …), et je n'ai pas trop suivi ce qui se passait en ultra cet été, je m'en excuse. Je n'ai même pas lu de récits, ni regardé de vidéos du Spartathlon, de toute façon tout était déjà depuis longtemps dans ma tête. J'ai aussi fait un peu de relaxation.

Le Parcours
Profil (D+ ~ 2650m)
Avant course et préparatifs

N'ayant pas d'équipe d'assistance, quelques jours avant de partir en Grèce, je réfléchis au placement de mes différents sacs. Il est possible de faire déposer un sac à tous les CP que l'on souhaite sur les 75 que compte le parcours. Je vais opter pour un sac tous les 30 km environ, sauf le 1er au CP N°11 (km 42,2), soit 7 sacs en tout. Chaque sac contient 3 sachets de poudre énergétique (alternance sucré / salé, plutôt salé la nuit). Je vais prendre 25 sachets de 50 grammes chacun en tout et je compléterai en fonction de mes envies et de ce qu'il y a aux ravitos (bananes, biscuits salés, café, fruits secs, bière, …). Le 2e sac est au CP N°19 (km 69,8). Je laisse ma frontale au CP N°29 (km 102,1) avant que la nuit tombe, un t-shirt manches longues au N°38 (km 132,6) quand il fera plus frais, puis des affaires plus chaudes (coupe vent, gants, bandeau) avant de grimper la montagne (CP N°47, km 159,5), puis des t-shirt manches courtes au CP N°57 (km 186,1) et au CP N°66, (km 215,7). Les sacs contiennent aussi du PQ, de la crème solaire, des chaussettes, et de la NOK.

Après avoir réfléchi à la façon la plus simple de mémoriser tout ça, je décide de tout noter sur mon bidon : je découpe la course en 25 portions de 10 km environ, chaque portion étant terminée par Un CP où je dois recharger mon bidon. J'ai également noté les barrières horaires et les CP où j'ai un sac pour ne pas oublier de la demander.

Coté matériel, c'est simple : t-shirt manches courtes sauf quand il fera frais, chaussures Asics GT-2000, après avoir hésité avec les DS-Trainer plus légères. Je courrai avec les couleurs du club du début à la fin. Sinon un short et un porte bidon de 600mL avec une poche pouvant juste contenir 2 ou 3 sachets + du PQ, et bien sûr une casquette avec un voile amovible à l'arrière que j'ai découpé dans un vieux t-shirt. Je ne prendrai pas de ceinture cardio, mais seulement l'accéléromètre qui m'assurera au début de ne pas partir trop vite, puis à me motiver à augmenter un peu mon allure plus tard. Et surtout, pas de téléphone, j'y vais pour vivre la course, pas pour lire des SMS ou prendre des photos.

Bidon Roadbook
Départ pour Athènes le mercredi, j'arrive sur place à Glyfada (en bord de mer à 30 km du centre) où sont situés les hôtels des coureurs logés par l'organisation. Je retrouve des coureurs français dont Gilhen avec qui je partagerai la chambre d'hôtel (hôtel Congo où sont logés les Français, les Allemands, les Italiens, les Polonais, et quelques autres européens), la famille Pallaruelo, JB, Jean Lapeyre, Lolo, les deux autres JP, …, nous serons 21 Français au départ, cela faisait quelques années qu'il n'y avait eu une telle participation tricolore. Je commence directement par aller retirer mon dossard (N°166) à l'hôtel London, il y a une belle file d'attente de coureurs tous très affûtés venus des quatre coins du monde pour la course mythique du petit monde de l'ultramarathon.
Remise des dossards à l'hôtel London
Bien sûr, tout respire l'ultra dans les environs, ça fait bizarre de côtoyer des champions tous très modestes et accessibles comme l'Italien Ivan Cudin ou les Allemands Florian Reus et Stu Thoms pour n'en citer que quelques uns.

Le lendemain c'est le moment de déposer les sacs dans les cartons numérotés par CP, puis c'est le briefing (il y a même un briefing en Français), la pression monte d'un cran (et là je ne parle plus des bières qui constituent le principal moyen de s'hydrater ici).
Dépôt des drop bags à l'hôtel London
Je ne vais quasiment pas fermer l'œil de la nuit, tellement je suis nerveux, heureusement que j'avais très bien dormi les nuits précédentes.
Comme d'habitude, je prends un petit déjeuner plus que léger. Vérification de la tenue et du matériel préparé la veille, crème solaire (je crois que j'ai oublié d'en mettre sur les mollets), crème nok sur les points de frottement, mais pas sur les pieds (comme d'habitude, je n'ai effectué aucune préparation à ce niveau à part me couper proprement les ongles).
Le bus nous emmène sur le lieu de départ à l'Acropole. J'ai surtout envie de dormir, je n'en mène pas large, je revois même à la baisse mes chances de terminer que j'estimais autour de 50%.

La zone de départ est agréable, surtout que la température est douce, il fait encore nuit, l'aube va bientôt pointer. Il règne une ambiance spéciale, à la fois zen et tendue : photos de groupe, encouragements et conseils de dernière minute, le lieu est chargé d'histoire. J'aperçois Mike Morton (http://www.runmortonrun.com) le grand favori, même si c'est sa première participation, il court sans assistance. C'est intéressant d'observer la diversité de la morphologie des participants, mais il y a tout de même une grande majorité de coureurs très affûtés. Coté textile et matériel, c'est encore plus varié, cela va du short / débardeur à tout le corps intégralement couvert (dont une sorte de ninja tout en noir...). Pour les chaussures, ça va des quasi minimalistes aux Hoka. Pour les accessoires, ça va de rien du tout à la totale camel bak / Garmin / Go-Pro, avec une majorité de porte bidon ou bidon à main. Je me demande quand même ce que je fous là, de toute façon maintenant c'est trop tard pour reculer...
Les Français au départ (+ Daniel et Andrei)
Michael Morton au départ

Athènes Acropole – Corinthe (CP N°22, km 80,0)

Le top départ est donné à 7 heures pile, le peloton de 321 coureurs s'ébranle tranquillement à part certains favoris et quelques kamikazes. Je me suis placé vers l'arrière pour mieux en profiter, l'émotion est dure à décrire, ça y est j'y suis enfin, c'est presque dur à croire !

La pression retombe peu à peu, j'essaie de rentrer dans ma course mais c'est encore trop tôt, j'ai toujours sommeil et en plus il faut être très attentif entre la circulation, les autres coureurs, et divers obstacles dont des chiens plutôt pacifiques mais parfois imprévisibles. Je vais remonter une partie du paquet ce qui permet de souhaiter bonne chance à quelques coureurs Français dont Gilles. Le gros de la troupe est ensuite bloqué brièvement à un passage à niveaux. Les jambes sont plutôt bonnes, ma hanche droite couine un tout petit peu, mais c'est normal à cette-heure.

Je me mets automatiquement en Cyrano sur un cycle de 12 minutes avec à peine 40 secondes de marche pour le moment. Les premiers ravitos se succèdent ainsi que les habituelles pauses techniques du début de course qui s'espacent, nous nous éloignons du centre, la circulation est moins intense mais plus rapide, le soleil fait sont apparition, c'est agréable. J'avance bien, assez relâché, j'ai même l'impression de me reposer tout en courant. Je cours avec des coureurs qui sont parmi les favoris : Florian Reus, Stu Thoms, Michael Vanicek, Daniel Oralek. Je sais qu'ils démarrent prudemment et sont capables de maintenir l'allure tout le long, mais peut-être est-ce que je pars tout de même un peu vite ? Je progresse autour de 11 km/h.

Le passage à Eleusis (vers le semi) est agréable, quelques ruines et un groupes d'écoliers. Je me prête au jeu en tapant dans les mains. Je commence à me détendre. Il ne fait pas encore trop chaud, mais je commence à boire un peu plus et à m'éponger à chaque CP.
épongeage à un des premiers CP
La bonne nouvelle c'est qu'il y a des morceaux de bananes à quasiment tous les ravitaillements, j'en prends deux ou trois presque chaque fois. Je dépasse Laurence et Juan au gré d'un ravito et on se souhaite bonne route.

Toute gêne à la hanche a maintenant disparu avec la chaleur qui monte, même la fatigue semble diminuer, je suis bien éveillé. Le prochain mini objectif est d'atteindre la marathon dans cet état. Le parcours est relativement roulant à ce niveau. Il y a quelques passages agréables en bord de mer avant que la route ne rejoigne l'intérieur avec des zones péri-urbaines moyennement agréables. Depuis le départ je ne cours jamais seul, il y a encore une certaine densité autour de mon allure de croisière. Quelques mots échangés en anglais, souvent c'est du genre « first time here ? », « Did you finish before », … Tout le monde est encore frais et optimiste avec la sensation de pouvoir courir indéfiniment. Le temps passé aux ravitos est minime, les bénévoles sont nombreux et efficaces. Quelques mots de remerciement, des gestes, des regards suffisent.

Mon premier sac est positionné au marathon (Mégare, CP N°11) que j'atteins en 3H58 (j'avais prévu une fourchette de 4H-4H15). Il commence à faire chaud, le soleil est déjà très haut à 11 heures. Je me contente de prendre mes recharges énergétiques, je n'utilise pas la crème solaire pourtant présente dans mon sac.

Juste après, sous un pont, il y a encore des écoliers, et une grosse ambiance, je tape dans un maximum de mains, ça booste avant d'entamer une portion plus compliquée.
Groupe d'écoliers après Mégare
C'est en effet vers le 45e que les « hostilités » commencent, ça ne fait que monter et descendre, mais c'est superbe, avec la Mer Égée à gauche et des falaises à droite, par contre le soleil cogne bien par là, mais cela reste supportable, sans doute un petit 30°C à l'ombre, mais d'ombre point.
Entre mer et roche
Au gré des côtes et des descentes les coureurs s'espacent, mais restent en contact visuel. M'apercevant que je cours un peu trop en montée, je décide de ralentir un peu et d'ajouter quelques séquences de marches quand ça grimpe : l'objectif est désormais d'atteindre Corinthe en étant toujours en aussi bon état.
Vers le km 50
Je rejoins Angel parti vite comme à son habitude, et qui pense surtout à trouver du Sprite, car il apprécie peu le Coca des ravitos. Il fait déjà preuve de beaucoup de sagesse en m'incitant à marcher davantage quand ça monte : Il fait dire qu'à 20 ans il vient de terminer la Transe Gaule ! Après quelques kilomètres à discuter il me laisse filer. Je sais que Gilles va bientôt le rejoindre et que Françoise sera là à Corinthe, il sera entre de bonnes mains ! Je double aussi Paskal qui semble avoir chaud.

C'est par là que je sens une ampoule en formation sous la plante du pied droit. Bizarre, ça ne m'arrive jamais aussi tôt, il faut dire que j'ai mis des chaussettes que je n'avais pas encore portées sur du long, et peut être aussi y a t-il un pli. Cela ne me perturbe pas plus que ça, je m'applique à continuer à courir bien en ligne pour ne surtout pas compenser. Un peu plus tard, même punition coté gauche, mais vers le talon, au moins ça ré-équilibre.

Depuis un certain nombre de kilomètres un vent de face allant en forcissant s'est installé donnant une fausse impression de fraîcheur, mais rendant plus coûteuse en énergie la progression.

Le temps passe assez vite, l'Isthme de Corinthe se rapproche, l'environnement devient à nouveau industriel : c'est une succession de raffineries. Le ciel s'assombrit, chic de l'ombre... Ce ne sont que les émanations des raffineries. Même que ça commence à puer, c'est justement à cet endroit que j'ai placé mon second sac vers le 70e km, mauvaise pioche...
Drops bags au CP N°19 / 69,8 km (le mien est sur le 2e rangée)
Je décide donc de ne pas m'attarder, je m'assois vite fait pour me remettre un peu de crème solaire, mais que sur le visage, je suis trop pressé de repartir pour m'éloigner de cette pollution, limite envie de gerber...

Corinthe approche. Après une belle bosse et un passage peu agréable et très venteux le long d'une voie rapide, c'est enfin la fameuse passerelle jaune au dessus du canal : Juste beau et impressionnant, quelques instants de marche pour savourer, un coureur japonais prends des photos.
ça souffle avant Corynthe !
Vue du Canal de Corynthe depuis la passerelle
Quelques minutes plus tard, je débouche au premier gros point de contrôle : Le CP N°22 (Hellas Can) au km 80, et je fais bipper le 1er tapis : un coup d'œil sur la montre : 8H05 de course, soit 1H25 d'avance sur la barrière horaire (8H15-8H30 prévus), une pensée pour tous ceux qui me suivent sur Internet en France, ils doivent être rassurés. Un coucou à Françoise et aux autres accompagnateurs qui attendent leur coureur. Je crois qu'il n'y a plus que Wilfrid et Jean-Pierre comme Français devant (+ Daniel bien sûr).
Arrivée sur le 1er tapis à Corynthe (CP N°22, km 80,0)
C'est à partir d'ici que les coureurs disposant d'une assistance peuvent se faire aider. C'est aussi un des six points où il y a équipe médicale, massages, lits de camps, … Je suis même sollicité pour m'arrêter, m'asseoir et me faire masser, c'est un peu comme à Pigalle sauf que c'est gratuit. Je ne suis pas venu si loin pour ça, et puis je n'ai absolument pas mal aux jambes, je veux courir. Je repars sans tarder après avoir rempli mon bidon et m'être épongé. Il y a tellement de monde que je dois même demander par où est la sortie...
CP N°22, km 80,0 (Hellas Can)

Corinthe – Némée (CP N°35, km 123,3)

Il y a une descente en sortant. Je me retrouve rapidement seul pour la première fois, sans coureur devant ni derrière, pas de voitures non plus sur cette petite route qui prend pour un temps la direction du nord-ouest. Bienvenue dans le Péloponnèse, la course est véritablement lancée cette fois ! Je ne me suis volontairement donné aucun temps de passage à partir de Corinthe histoire de ne pas stresser inutilement. Je sais que j'ai pas mal d'avance, je baisse volontairement mon niveau d'effort d'encore un cran, l'objectif est désormais d'arriver aussi frais à la tombée du jour.

Cette fois plus d'air, le soleil est généreux en cette après-midi sans nuages. La route est plaisante, juste vallonnée ce qu'il faut pour ne pas être monotone sans que cela empêche la course. C'est le domaine des oliviers, des vignes, et ds vergers.

<<Photo oliviers / vignes>>

Malheureusement tout le monde n'apprécie pas. Je double un Suédois à l'arrêt plié en deux en train de vomir (pourtant 5e l'an dernier alors que c'était nettement plus chaud), puis Yuji Sakai au ralenti, un Japonais ayant déjà fait un podium. L'ultra n'est heureusement pas une science exacte, et je sais que je peux basculer dans leur état d'un moment à l'autre.

Mais pour le moment je profite à fond de la course, toujours sur le même rythme d'alternance course / marche de 12 minutes, j'ai un juste un peu rallongé la portion de marche, mais toujours sous la minute.

Je fais le yoyo avec deux Norvégiens, dont un fameux viking à barbichette, une sorte de Gilles nordique qui a déjà bouclé une dizaine de fois l'épreuve ! Ils sont aussi sur un genre de Cyrano, mais ils courent vite et marchent plus lentement et longtemps que moi, le tout pour une vitesse de croisière similaire.

Le passage dans l'Ancienne Corinthe (93 km) est superbe : ruines et montagne en fond. Moral au top, ça avance toujours avec fluidité vers la marque du 100 bornes.
Passage à Ancienne Corinthe (CP N°26, 93,0 km)
Par moments il y a sur notre droite une vue superbe sur la mer Ionienne que nous surplombons. C'est plutôt descendant jusqu'au village d'Assos qui est situé pile aux 100 km. C'est juste à l'entrée de celui-ci que je rejoins Jean-Pierre, parti vite comme à son habitude et qui est maintenant dans la gestion de son avance. On discute un peu, signature de quelques autographes pour des enfants. Nous passons au CP en 10H28. Il y a une belle ambiance avec des jeunes filles en costume traditionnelles qui nous accueillent en nous lançant des pétales de fleurs.
Assos (CP N°28, 100,1 km)
Je repars seul, je ne dois pas rater mon 3e sac au CP suivant car il contient ma frontale ainsi qu'un brassard réfléchissant. Il n'est même pas 18 heures, et il ne fera nuit que dans une heure trente, je fixe donc ma frontale à ma ceinture porte bidon.

La route file désormais vers le sud, le soleil décline. Toujours pas de baisse de régime, l'allure diminue, mais c'est parce que la route commence à s'élever, la pente n'est pas très forte mais il faut s'économiser car je sais que plus tard dans la nuit je serais très certainement dans le dur, et le plus tard sera la mieux. Je raccourcis la foulée et j'ajoute un peu plus de marche.

Je cours désormais plus ou moins avec un Grec (Vlachos je crois) qui semble connaître tout le monde à chaque CP et qui est beaucoup encouragé. C'est motivant pour rester au contact et avancer. Le son des cigales est parfois assourdissant et couvre le rythme encore léger des foulées.

La nuit est désormais presque tombée, je retourne ma casquette et je mets la frontale après avoir enlevé le voile. Je n'ai couru qu'une seule fois à l'entraînement par nuit noire, et j'appréhende un peu car j'ai peur de me perdre en manquant une bifurcation : Certains marquages au sol sont à moitié effacées, il faut être bien concentré aux intersections. Il n'y a qu'un petit croissant de lune, par contre le ciel étoilé est superbe. La température est maintenant très agréable.

Tous les voyants sont au vert en arrivant au 2e gros CP (Némée) qui se situe juste à mi-course, enfin kilométriquement parlant, car je sais que le plus dur est encore devant, loin devant. Mais c'est déjà ça de pris d'arriver là avec tous les voyants au vert et une avance confortable sur les barrières horaires (je n'ai même pas regardé combien). Une caméra plonge quasiment dans mon bidon pendant que je le remplis. Comme à Corinthe (mais il y a beaucoup moins de monde), je ne m'attarde pas et je m'enfonce dans la nuit.


Némée – Malandreni (CP N°40, km 139,8)

Soudain l'ampoule du pied droit éclate, ça devait être une grosse ampoule car j'ai le pied trempé. C'est mauvais signe, le pied risque de gonfler. Je pense à m'arrêter au CP N°38 où j'ai mon prochain sac pour voir l'état de mes pieds et changer de chaussettes.

Je continue plus lentement en essayant de courir relâché comme si de rien n'était, mais je ne me sens pas trop bien au niveau de l'estomac non plus. Je vomis peu après, c'est la première fois que ça m'arrive en course (pensée pour Vincent70, ça me fait sourire). Heureusement de ce coté les choses rentrent assez vite dans l'ordre, ça devait être le trop plein de bananes du ravito précédent (d'ailleurs un suiveur qui assiste un coureur qui doit progresser non loin de moi pendant un certain temps m'a surnommé « banana guy ».

N'empêche que j'ai beaucoup moins de jus, et surtout plus aucun plaisir à courir, je me demande ce que je fous là. J'ai vraiment l'impression de me traîner, même si en fait j'avance juste un peu plus lentement. Habité par ces pensées négatives, je n'ai plus fait attention depuis un certain temps au fléchage et aux éventuelles intersections. Comme je ne vois plus aucun marquage durant de longues minutes, ni d'autre coureur, ni de voiture suiveuse, je commence à me demander si je ne me suis pas perdu dans la nuit, l'idée de l'abandon me traverse, et je me donne encore cinq minutes avant de faire demi tour. Heureusement un CP est en vue après le virage suivant, ouf pas besoin de ça en ce moment !

C'est dans cet état que je rattrape Daniel. Cela me fait du bien de discuter en Français, et me permet de relativiser mon état car il a les jambes en bois depuis le 30e km et doit marcher assez souvent pour les soulager. Nous progressons maintenant en légère montée sur un chemin de terre, mais assez roulant tout de même vu que c'est sec.

C'est à ce niveau que j'ai mon 4e sac. Je me change pour un T-shirt manches longues (ça tombe bien car il fait un peu plus frais), mais je zappe pour le changement de chaussettes : je préfère attendre le prochain CP médicalisé même si c'est bien loin. Je crois que c'est par là que je bois un premier café.

Un peu plus tard je laisse filer Daniel qui va encore un peu vite pour moi. Le chemin laisse à nouveau place au bitume et c'est la descente vers Malendreni. Mes idées d'abandon se dissipent peu à peu. Nous formons un petit groupe de trois ou quatre coureurs dont une féminine. Le fait d'être filmé à ce moment nous fait accélérer durant quelques minutes, cela fait du bien et me redonne un peu confiance à ce moment là, je vais au moins aller en bas, je sais qu'il y a une belle ambiance à Malendreni, et la possibilité d'une bière car le CP est dans une taverne.

C'est dans cet état d'esprit davantage positif, et sans doute un peu requinqué par le café que j'arrive là bas. En effet, il y a du monde, ça rebooste, maintenant je vais au moins aller jusqu'à la montagne pour voir comment c'est là bas, à peine 20 km. J'en oublie même de demander ma bière (j'en demanderai à un ou deux autres endroits, mais il n'y en avait pas) et je me contente d'un café (j'en prendrai un tous les 2 ou 3 CP durant toute la nuit...). La traduction française approximative des encouragements sur la banderole m'amuse "Bon accueil et heureuse résiliation", non aucune envie de résilier, je veux continuer, j'imagine qu'il fallait lire "Bienvenue et bonne fin de course"...
La taverne de Malandreni (CP N°40, km 139,8)

Malandreni – Mountain base (CP N°47, km 159,5)

Après Malandreni, la route commence à s'élever, d'abord en douceur. Je suis de mieux en mieux, la douleur au pied s'atténue. Je cours quasiment toujours seul et cela me plaît à ce moment là. J'ai l'étrange sensation que je cours en terrain connu, il faut dire que depuis le temps que je me documente, le parcours ne m'est pas inconnu, cela me motive davantage à voir cette montagne tant redoutée par les « rase-bitume » de mon espèce.

Il y a pas mal de CP dans des villages dans cette section du parcours. Souvent des enfants accueillent les coureurs à l'entrée du village et les accompagnent jusqu'à la sortie. Ceci donne un coté encore plus émouvant et personnel à la course.

Je suis à nouveau concentré et attentif au marquage au sol. A une intersection, il y a des signes en travers de la route (des croix qui suggèrent que ça n'est pas la bonne direction, mais pas entendu parler de cette signalétique au briefing), mais de flèche « SP » indiquant la direction à suivre point... Une voiture arrive à ce moment là, on me dit en Français (j'apprendrai plus tard que ce sont les suiveurs de Paskal) qu'il faut aller tout droit car des coureurs sont partis dans cette direction. Je suis pourtant persuadé qu'il faut aller à droite car ça monte sec par là, et d'après ma connaissance livresque du parcours, c'est par ici que commence la route d'accès à la montagne. Après examen attentif du sol à la frontale, il y a en effet une flèche à la peinture bien défraîchie indiquant la droite. Après avoir dit aux suiveurs d'aller rattraper les coureurs partis dans la mauvaise direction, je passe en mode marche rapide dans la pente.

A un CP, je reconnais une légende du Spartathlon, le Finlandais Seppo Leinonen qui a déjà terminé 15 fois l'épreuve en 26 participations consécutives, et qui maintenant met son expérience en tant que bénévole sur la course. Il m'encourage du regard et d'un « good job ! » qui fait chaud au cœur. Je le retrouverai ainsi plusieurs fois au cours de la nuit. Chaque CP est une oasis dans la nuit.

Seppo Leinonen 1985 - 2010 SPARTATHLON Legent

Je suis maintenant sur une route de montagne en lacets, je monte d'une marche assez énergique (6,5 7 km/h) qui me permet même de dépasser quelques coureurs. Je relance juste en courant un peu quand la pente est moins forte, ça détend les jambes. J'ai tout loisir de regarder vers le haut : bien au dessus de nous une guirlande de points verts indique le sentier qu'il faudra prendre une fois le CP à la base de la montagne (« Mountain Base » atteint).

Au CP précédent, j'aperçois Le Hongrois Andras Low (il ne doit pas être loin du record du nombre de Spartathlon terminés) allongé sur une couchette. Je sais qu'il est coutumier de la progression par à coups et qu'il devrait bientôt repartir fort. A mesure que la route s'élève il fait plus frais, cela m'incite à garder un bon rythme afin de ne pas me refroidir. Je joue avec le cache sur ma frontale dont je viens juste de découvrir l'existence, une sorte de diffuseur qui quand on l'abaisse éclaire sur un champ plus large mais moins loin, ce qui est plus agréable quand on marche.

Je parviens à ce CP N°47 gonflé à bloc, je passe sur le tapis sous les applaudissements, et ne regarde même pas quelle est mon avance sur la barrière horaire. Comme beaucoup de coureurs, c'est là que j'ai placé mon plus gros sac. Après l'avoir récupéré, je m'assois tranquillement sur une chaise. Il y a vraiment pas mal de concurrents (soit assis, soit allongés sous une tente) dont pas mal semblant en hypothermie, de suiveurs, de bénévoles, et de staff médical ici. Il fait frais, mais je n'ai pas froid. J'accepte tout de même une couverture sur mes épaules le temps d'enfiler mon coupe-vent. Je demande s'il fait froid en haut, la réponse étant « Yes », j'enfile des gants légers et je mets un bandeau pour les oreilles. Sans assistance, cela prend un peu de temps pour ces opérations, car avec la fatigue les gestes, et surtout le cerveaux sont lents, il faut réfléchir à ne rien oublier et à tout remettre dans le bon ordre (porte-dossard, porte bidon, brassard, casquette, frontale). On m'apporte ensuite un Nème café, les bénévoles sont vraiment aux petits soins pour les coureurs. Je m'offre quelques secondes de relaxation en fermant les yeux avant de me lever pour m'élancer vers là haut après avoir remercié les bénévoles, toujours sous les applaudissements. C'était mon plus long arrêt jusqu'à présent, mais je ne pense pas m'être attardé plus de 10 minutes.

<<Photo CP N°47>>


Mountain base – Sangas (CP N°49, km 164,5)

Le sentier est vraiment escarpé, le sol devient rapidement instable, je dois faire très attention où je pose les pieds car par endroits il y a de gros cailloux, presque un pierrier. Parfois je redescends un peu en arrière, c'est limite s'il ne faut pas s'aider des mains, je me félicite de ne pas avoir pris mes DS Trainer... Bien sûr il n'est pas question de courir, ni même de marche rapide pour moi. Le sentier est étroit, délimité par de la rubalise quand c'est dangereux, de nombreuses lumières vertes rendent le parcours féerique, mais hors de question de regarder autre chose que ses pieds sous peine de chuter.
La montagne (après le CP N°47, vers le km 160)
Soudain j'entends marcher derrière, je me gare sur le coté et Andras Low me double, il monte quasiment deux fois plus vite que moi. Il y a quelques bénévoles cette montée qui doit faire environ 2 km pour 400m de D+, une paille pour un trailer, mais un long moment à passer pour un pur routard ayant 160 bornes dans les jambes. Heureusement je suis en forme à ce stade de la course, je me surprend même à penser à voix haute « Cette course est une tuerie » ! En levant les yeux, les points lumineux semblent s'étirer indéfiniment. Cependant, au détour d'un virage, je débouche soudain sur le fameux CP « Mountain top », point culminant du Spartathlon, à près de 1100 mètres d'altitude. Il fait plus froid qu'en bas, j'ai bien fait de me couvrir. Un café chaud et je ne traîne pas pour entamer la descente.

Le chemin pour descendre est moins pentu et bien plus large que celui pour monter, mais le sol est tout aussi instable. Je préfère donc progresser en marche rapide mais souple afin d'éviter tout risque de chute plutôt que d'essayer de courir, bien que cela soit tout à fait faisable (deux fusées me doubleront sur cette section, mais je dépasserai l'Américaine Brenda Caravan encore bien moins à l'aise que moi sur ce terrain). La vue sur Sangas est superbe, le ciel est très étoilé, mais à chaque fois que je lève la tête je manque de m'étaler, je reste donc concentré sur la pose des pieds. Je profite néanmoins d'une pause technique pour m'en mettre plein les yeux tout en contrôlant la teinte ; je prends garde à boire assez pour effectuer ce type de pause au moins toutes les deux heures, pour le moment c'est parfait, ni trop clair, ni trop foncé.

Je suis soulagé de regagner enfin la terre ferme (le bitume), je pense avoir mis une bonne heure pour faire la montée et la descente, soit à peine 5 km. Après avoir rempli mon bidon (décidément les photographes ont l'air d'aimer ça), j'ôte mon bandeau et mes gants, mais je garderai encore le coupe vent car l'air est frais, ce que j'apprécie à ce moment là.
Ravitaillement à Sangas (CP N°49, km 164,5)

Sangas – Tégée (CP N°60, km 195,3)

Le terrain est maintenant relativement plat, mon allure assez régulière, toujours peu de marche. C'est dans cette section que peuvent survenir les hallucinations, je comprends vite pourquoi : la végétation en bordure est propice à toutes sortes d'interprétations avec la lumières des frontales et des phares des véhicules, il est facile de se laisser aller à voir divers animaux. J'ai plusieurs fois l'impression de voir courir quelqu'un devant moi, mais il n'y a jamais personne.

Je rejoins à nouveau Daniel qui en fait n'avait pas dû me prendre beaucoup de temps. Nous partageons à nouveau quelques kilomètres, le temps passe relativement vite. En discutant, nous calculons que nous sommes sur une base de moins de 31 heures.

Depuis un moment ma frontale éclaire moins fort, il faut dire que je n'ai pas trop fait attention à baisser la puissance ou à l'éteindre quand c'était possible. Je dois juste être encore plus attentif au fléchage, heureusement, le jour va se lever d'ici deux ou trois heures.
CP N°56 (km 183,5)
Au CP N°57 j'ai mon avant dernier sac qui contient, outre mes trois recharges énergétiques, un T-shirt manches courtes, de la crème solaire, et un bidon additionnel de 400 mL que je peux accrocher à ma ceinture (Simple Hydratation). Bien entendu comme il fait encore nuit noire, qu'il fait frais, et que je suis bien, je laisse tout cela dans le sac. On m'a aussi proposé deux ou trois fois des capsules de sel, que j'ai systématiquement refusées pensant que le sodium contenu dans mes boissons énergétiques est largement suffisant.

J'arrive à Tégée et je passe sur le tapis du CP N°60 tout juste sous les 24 heures, il ne fait pas encore jour. J'aurais signé des deux mains avant la course pour être à cet endroit avec ce chrono, et surtout en bon état de marche avec l'envie d'aller de l'avant. Avec 12 heures pour faire 52 km, je pourrais même me permettre de marcher jusqu'à Sparte, mais je veux courir. Par contre, au niveau de la durée de course je rentre dans l'inconnu, n'ayant jamais dépassé les 24 heures, durée que j'atteins en fait seulement pour la seconde fois. Mais pour le moment je suis encore relativement facile, je cours presque tout le temps, surtout que depuis le franchissement de la montagne, c'est vraiment roulant.


Tégée – Monument (CP N°68, km 223,4)

Le ciel commence à s'éclaircir à l'est, il faut profiter du peu d'heures de fraîcheur restant pour se rapprocher le plus possible de de Sparte avant que le soleil ne reprenne le dessus.

La route ne va pas tarder à s'élever (vers le 200e km je crois), la marche rapide est à nouveau de rigueur ici, il faut garder des forces pour la dernière ligne droite pour redescendre sur Sparte. De la route, le panorama est parfois superbe, surplombant des vallées nappées de brume, brume qui nous aura heureusement épargnés sur le parcours.

Je rattrape l'Américain Andrei Nana à un CP. Pour lui c'est le contraire, il attend la chaleur avec impatience, il a horreur du froid et a beaucoup souffert durant la nuit. Un petit convoi de coureurs s'est formé, nous progressons en alternant marche et course au gré de la pente. La route est peu agréable, le trafic augmente, pas mal de poids lourds lancés à grande vitesse. C'est même dangereux lors de virages à gauche car il y a peu d'espace entre la roche et le bitume.

Il fait désormais moins froid et je laisse coupe vent et frontale aux bénévoles à un CP, les manches longues suffisent car il n'y a pas de vent. L'appel de la nature commence à se faire sentir, j'accélère un peu pour trouver un coin plus ou moins propice. En me relevant, je suis pris d'une violente crampe du diaphragme, y étant habitué, quelques secondes de profonde respiration ventrale suffisent à la faire passer. Je n'ai aucun soucis pour repartir, les jambes répondent bien, je me sens plus léger et je recolle facilement au petit groupe qui m'avait dépassé entre temps.

Le soucis pour moi c'est qu'il commence déjà à faire relativement chaud, je retrousse mes manches. Je commence à regretter de ne pas avoir remis de crème solaire plus tôt. Nous atteignons enfin ce qui semble être le sommet de la montée, mais il y a encore pas mal de kilomètres de toboggans avant d'amorcer la descente sur Sparte.

Quand je parviens au CP N°66 où j'ai mon dernier sac, ça n'est que le milieu de la matinée, mais il fait déjà chaud, beaucoup plus chaud que la veille à la même heure car il n'y a pas la mer pour tempérer. Je suis soulagé de m'asseoir à l'ombre et de pouvoir enfiler un maillot manches courtes. Je remets enfin de la crème solaire. Je m'applique pour le visage, mais je bâcle le reste, j'oublie encore les mollets. Je commence à regretter de ne pas avoir mis mon 2ème bidon ici plutôt que 30 kilomètres plus tôt.

Le moral est encore bon, bien que la fatigue soit maintenant sensible, je ne prends plus de café depuis le début de la matinée. En fait je n'ai jamais eu envie de dormir à part au tout début de la course. J'ai tout de même l'impression de me traîner un peu, mais c'est le cas des autres concurrents qui sont avec moi. J'ai la chance de ne quasiment pas avoir de douleurs musculaires. Tout est également nickel au niveau tendineux, mes pieds semblent également en assez bon état. Pour le moment, je pense surtout à parvenir au début de la descente sans m'entamer davantage, je commence à visualiser Léonidas qui se rapproche.

Je me prends même à regarder mon classement à un CP (à chaque CP un bénévole note le N° de dossard sur une feuille), 29eme. Je sais que mon seul objectif est d'arriver, mais je ne peux m'empêcher de penser que vu le bon état de mes quadriceps par rapport à la plupart des coureurs autour de moi, je vais bientôt pouvoir me laisser glisser tranquillement dans la pente et gratter quelques places d'ici Sparte.

Peu après ce CP, ça commence à descendre, mais bientôt ça remonte encore, j'ai moins de jus, je marche mais moins vite qu'avant, il fait chaud, cette grande route sans fin et sans ombre me saoule... Enfin cela commence à redescendre, je reprends ma course, prudemment pour le moment, la pente est faible, la route est encore longue.
Sur les hauteurs de Sparte

Métaphysique => Sparte

Je suis seul. C'est arrivé presque d'un coup, je ne sais plus exactement où, ni quand ; mais je pense en gros un peu après avoir avoir débuté la descente sur Sparte : plus moyen de courir, ni même de marcher aussi rapidement que je le pourrais musculairement. Je tente bien de relancer , mais au bout de quelques dizaines de mètres de trot je me sens mal, au bord de la chute. Certes, j'ai toujours des jambes de feu, mais le soucis c'est que mon sang est également en fusion, et que mon cerveau n'est guère plus frais. Sinon je n'ai mal nulle part, si ce n'est aux mollets car les coups de soleil commencent à tirer sur ma peau.

Je fais encore illusion au CP N°69 tant au niveau classement que chronométriquement au dernier tapis de chronométrage avant l'arrivée car je marche depuis peu, je me dis alors que tous ceux qui me suivent sur Internet vont se faire du soucis pour la fin...

J'ai bien dû merder quelque part, tout était presque trop facile et trop « comme prévu » jusqu'à présent, comme si j'allais faire 31 heures comme ça du premier coup sans le mériter vraiment. L'analyse de mes erreurs viendra plus tard, Sparte est encore à un bon 20 kilomètres, 20 bornes dont une grande majorité en descente, mais quasiment sans ombre, il doit juste faire un peu plus chaud que le premier jour, peut-être 33 ou 34°C, mais il me semble que c'est bien plus, il n'y a pas d'air ou si peu.

Le soleil de Laconie me rappelle à ma condition de simple mortel. La partie mentale de la course commence vraiment, si la distance restant à parcourir semble raisonnable, le temps va se compter en heures. Je ne sais même pas si je vais pouvoir maintenir une allure de marche décente (disons un bon 5 km/h) et si ça ne va pas baisser, un peu comme lors de mon abandon à l'Ultrabalaton en 2012. Je pense un moment au paradoxe de Zénon, ne jamais arriver à destination, car il va toujours rester la moitié, puis la moitié de la moitié, … à parcourir. Je pense un moment à faire une pause de 30 minutes à l'ombre à un CP et m'allonger afin de tenter de faire baisser la température du moteur, mais j'ai peur de ne pas réussir à repartir, donc tant que ça tient à cette vitesse, je vais m'arrêter le moins possible juste pour m'éponger, m'asseoir un peu à l'ombre, prendre de la glace dans la casquette, boire, emporter une bouteille, mais désormais je pisse immédiatement tout ce que je bois et c'est transparent, pas bon...

Je passe une bonne partie du temps à estimer la durée qu'il me faudra pour atteindre le prochain CP. Je découpe par tranches de 500 mètres, parfois de 100 mètres. Je fais et refais des estimations de mon heure d'arrivée en admettant que je tienne jusqu'au bout à cette allure. Dans ce cas j'ai le temps, je devrais rentrer sous les 33 heures si je ne traîne pas trop aux CP. Je n'ai durant toute ces heures jamais pensé à abandonner, on ne jette pas l'éponge sur cette course, surtout si près du but.

Parfois un coureur me double, m'encourage, puis disparaît assez rapidement dans un virage. Des voitures klaxonnent, je réponds par un faible salut, mais le bruit me fait mal. Guilhen me rejoint, je lui fait par de mon état et le laisse filer faire Sparte. Je suis très motivé, j'accepte désormais ma condition, c'est presque plus une sorte de sérénité que de la résignation, les mots humilité et patience prennent maintenant tout leur sens.

Je me souviens avoir lu un article de Rune Larsson (maintes fois finisher et plusieurs fois vainqueur ici) qui disait que son objectif c'était l'hôpital de Sparte, ça m'avait faire rigoler et un peu effrayé, maintenant je suis exactement dans cette situation...

Une voiture de l'organisation passe au ralenti, m'observe, on me demande si ça va, échange de quelques mots ; mes réponses doivent être cohérentes, la voiture repart.

Le panorama avec la vue sur la vallée de l'Eurotas est magnifique, mais j'en profite peu, à part mes pensées et mes calculs, je chasse les rares zones d'ombre en traversant la route. Il n'y a pas trop de circulation (en fait c'est l'ancienne route), mais les véhicules roulent vite, et comme je traverse en marchant, je dois être attentif et anticiper de loin. Chaque CP est une oasis merveilleuse, de part l'ombre prodiguée par un parasol, l'accueil chaleureux, l'eau, la glace, une chaise. Je mémorise la distance jusqu'au prochain CP. Parfois 2 km, une fois 4,7 km, une éternité, une grande bouteille d'eau suffira tout juste en plus de mon bidon.
CP N°70 / km 231,4
Vu de l'extérieur, on peut dire que j'ai un gros mental pour finir, mais je ne vois pas du tout cela comme ça, je dois juste finir, point. Je n'ai pas envie d'échouer si près du but, je ne suis pas parvenu jusqu'ici pour m'arrêter maintenant.

Au CP N°72, divine surprise, sur le panneau c'est écrit qu'il reste 9,1 km au lieu des 11,0 que j'ai notés (à partir du roadbook), presque 30 minutes de moins que prévu à coller au bitume, le moral remonte...
Panneau du CP N° 72 (en fait km 236,6 et 11,0 km restants)
Jusqu'au bas de la descente à à l'entrée dans Sparte où la distance restante correspond à nouveau à ce qui est indiqué sur le roadbook !

L'entrée dans Sparte ne sonne pas du tout la fin des hostilités, au contraire, c'est plat, donc je surchauffe autant touts en progressant encore plus lentement, et toujours pas d'ombre sur une grande route longeant la ville. C'est écrit « Spartathletes Welcome to Sparta » en grand sur un pont, ça me fait presque rire, il a une sacrée allure le bientôt-spartathlète...

Entrée dans Sparte
Cette foutue ligne droite est interminable, je ne vois pas le CP N°74, je pense même un moment m'être perdu tellement c'est long, heureusement à ce moment là un coureur me dépasse. Enfin c'est le N°74, il reste un peu plus de deux km, mais moins monotones que les deux précédents car je rentre enfin dans la ville. Un peu plus loin un jeune homme à vélo me rejoint, il fait partie de l'organisation et parle très bien Français. Il va me supporter jusqu'à l'arrivée. On tourne une fois, deux fois, enfin c'est l'avenue terminale avec les drapeaux, bientôt il y a foule, des enfants se joignent à nous. J'essaie de trotter, mais je sens que ça ne peut pas tenir, je continue à marcher, peut-être un peu plus vite. Je suis encouragé par les Français qui ont abandonné : Mathieu, JB, Lolo. Enfin la statue, je rassemble un peu d'énergie pour faire les derniers 20 mètres et monter les marches en trottinant. La musique des Chariots de Feu, c'est fini, je touche le pied de Léonidas. Je ferme les yeux, le vide, je savoure enfin. Il était temps, mais j'aurais voulu que cela dure toujours.
Encore quelques marches...
Enfin le pied!

L'après course

Je reprends mes esprits, une jeune fille me tends la coupe contenant l'eau sacrée de l'Eurotas, je bois, je me sens bien. Puis je reçois la couronne de feuilles d'olivier.
La coupe d'eau sacrée de l'Eurotas
Et la couronne d'olivier !
Encore quelques photos, puis il est grand temps d'aller m'allonger sous la tente près de l'arrivée car je commence à me sentir faiblir. Injection pour faire baisser la température, perfusion pour palier à la carence en sel, soin des pieds (là c'est plutôt correct). Je vais bien rester deux heures allongé là avant qu'on ne me ramène en taxi à l'hôtel où l'on m'accompagnera jusqu'à ma chambre. Je ne profiterai pas de la soirée, je mets un temps fou à aller aux toilettes et à me doucher car en plus de la fatigue, mes muscles sont devenus raides avec la position couchée. Merci à Guilhen de m'avoir apporté à manger et à boire. Je ne suis pas tranquille car mes reins ne fonctionnent toujours pas. Je m'endors tout de même, épuisé.

Heureusement, le lendemain mon organisme fonctionne à nouveau normalement et je me goinfre au petit-déjeuner. Je m'aperçois que la veille, pendant qu'on me raccompagnait à l'hôtel ma couronne d'olivier s'est égarée, dommage car c'est pour moi le symbole par excellence de ceux qui parviennent à Sparte. Nous allons récupérer nos drops bags, puis faire quelques photos souvenir et boire une bière avec Jacky, les jambes sont bonnes, aucune difficulté pour grimper sur la statue...

Le déjeuner offert par le maire de Sparte aux environs de la ville est bon et très sympa, surtout arrosé d'un certain nombre de binouzes. Le retour sur Athènes en bus l'est moins, la clim ne fonctionne pas, tout le monde a les pieds qui gonflent.

Le lendemain soir, la cérémonie officielle a lieu dans les environs d'Athènes. C'est l'occasion de poursuivre la fête, de recevoir la médaille et le diplôme, de faire quelques photos. C'est déjà fini.
Remise médaille et diplôme
Le groupe France (+ Daniel)

Épilogue

Comme j'attendais beaucoup du Spartathlon, y pensant presque tous les jours depuis plus de trois ans, j'avais à la fois peur d'être déçu par la course et également de n'avoir plus envie de rien si je réussissais à terminer. En fait, rien de tout cela ne s'est produit, l'aventure était encore plus belle que tout ce que j'avais pu imaginer, et j'ai toujours autant envie de courir, et surtout sur ce type de course en ligne longue sur route. Je pense que ce format est fait pour moi, l'inverse je ne sais pas encore...

Je tiens également à préciser que je n'ai utilisé aucun médicament (anti-douleurs, anti-crampes, ou autres) pendant la course (bon j'ai bu pas mal de café...), ni avant d'ailleurs. J'ai été en permanence à l'écoute de mon corps, y compris dans les moments difficiles. Je pense que c'est essentiel pour être honnête avec soi-même et envers les autres, rester en bonne santé, et pouvoir courir longtemps encore.

Donc je reviendrai... en 2014 ou en 2015, pourquoi pas avec une équipe d'assistance histoire de vivre le Spartathlon autrement, j'ai envie de ramener cette couronne d'olivier, et surtout de finir plus proprement la course, de davantage profiter de l'arrivée.


Remerciements

Je tiens à remercier toutes celles et ceux qui ont contribué de près ou de loin à ce que ce rêve se concrétise.

Merci à tous les coureurs Français du Spartathlon, à tous les autres coureurs, finishers ou pas, ainsi qu'à leurs accompagnateurs qui nous ont encouragés.

Merci aux organisateurs et à tous les bénévoles, vous êtes formidables et sans vous le Spartathlon n'existerait pas.

Merci aux spectateurs, notamment les enfants, vos encouragements et votre enthousiasme nous transportent.

Merci à tous ceux qui ont suivi ma progression sur Internet (forum ADDM, XVe Athletic Club entre autres).

Merci aussi pour toutes les photos, que j'ai récupérées à droite et à gauche...

Remerciements spéciaux à tous ceux qui m'ont aidé en me faisant profiter de leur expérience, notamment Gilles, JB, et Denis Dupoirieux.

Et merci à ma femme et à mon fils qui ont supporté toute cette longue préparation.

Désolé, j'ai dû oublier pas mal de monde...


Article à suivre : Debrief technique : Analyse de ma course (allures, répartition course / marche / arrêts), erreurs commises. Points forts et points faibles. Comment mieux me préparer et mieux gérer la course. Quel chrono est possible en optimisant ?

mardi 4 juin 2013

24H des Yvelines 2013 : Un goût d'inachevé

Tout juste 5 semaines après des 100 km de Belvès rondement menés, j'abordais ces 24 heures uniquement dans l'optique de faire des tests et des réglages en vue du Spartathlon. Je n'avais donc pas d'objectif kilométrique en tête ni de classement. Vu mes allures habituelles, autour de 200 km en prenant le temps, et sans trop me rentrer dedans serait concluant.

Après Belvès, coté préparation, j'ai réussi à courir près de 400 km, essentiellement à faible allure, mais avec un peu de résistance douce, en ayant eu juste à gérer un bon coup de mou deux semaines après le 100 km. Je suis donc dans un état de fraîcheur très relatif, et pour moi faire un 24 heures un mois après un 100 bornes couru au maximum, c'est nouveau. Mais je suis également là pour voir comment je vais réagir la nuit lorsque la fatigue va s'installer.

Coté stratégie, je tiens à gérer la course seul et sans aucune assistance, comme cela sera la cas au Spartathlon. Je cours avec un porte bidon et 40 km d'autonomie (hors eau). J'ai placé un sac tous les 32 tours (40,9 km car le tour mesure 1278 mètres pour être précis). Je considère qu'il y a un CP tous les 4 tours (5,1 km), je n'ai donc pas le droit de m'arrêter au ravito les autres tours. J'ai de la boisson énergétique en poudre dans des sachets (4 sachets par sac, 3 sachets tiennent dans le porte bidon). Les 600mL du bidon + un peu d'eau gazeuse en plus selon le besoin aux CP suffisent. Après la phase de départ rapide, j'ai prévu de m'asseoir un peu tous les 8 tours pour remplir tranquillement mon bidon, puis tous les 4 tours si envie. Je marche une petite minute tous les 2 tours pour boire (au Spartathlon, ça sera plutôt à adapter en fonction du relief).
J'ai également prévu un départ rapide vers 11 km/h de moyenne sur les 3 premières heures (il ne faudra pas trop traîner en Grèce avec des barrières horaires serrées au début), histoire de voir comment j'amortis ensuite.

Coté météo, nous sommes gâtés: enfin du beau temps, qui va sembler presque chaud vu les températures de ces derniers temps, avec une nuit assez fraîche tout de même, et un peu de vent par moments.

Le départ est un moment émouvant, quasiment un an jour pour jour après la disparition de Jean-Luc. A 10 heures, il fait déjà bon, donc j'opte pour un T-shirt manches courtes et même de la crème solaire pour le visage. Départ avec J2J, qui va tenter d'approcher les 60 km sur le 6 heures. Devant ça part vite, je tente de me caler sur une vitesse de course de 11,5 km/h histoire d'être à 11 km/h, mais il me semble que je suis un peu plus rapide (je n'ai pas fait les calculs en fonction de la durée du tour pour rester au feeling). J'ai mis le cardio pour gérer les premières heures de course, il grimpe vite, 72%, 75%, ... Je commence mes différents cycles: marche pour boire 1/4 du bidon tous les 2 tours, arrêt bref au ravito tous les 4 tours pour prendre un peu de banane et du St-Yorre, arrêt plus long tous les 8 tours pour recharger le bidon avec un sachet. J'ai tout de même du mal à imaginer que je suis sur une course en ligne vu tout le monde sur le circuit. Je bippe tous les 4 tours (pas besoin de compter, juste voir environ 5 km sur ma montre), ce qui m'indique que je peux m'arrêter.

Je perds J2J au bout de 2 heures de course. ça monte encore avec la température vers 12H, parfois 78%. Je décide donc de lever le pied une vingtaine de minutes avant les 3 heures prévues (après mon 3ème bidon après 24 tours donc une trentaine de km) pour me caler sur une allure de croisière la plus tranquille possible, proche de 10 km/h, en courant en permanence dessous de 11 km/h, et en prenant davantage le temps au ravito, en m'asseyant par fois. ceci a pour effet de rapprocher la FC des 70/72% FCM.

Je retrouve mon premier sac au bout de 32 tours (40,9 km). J'y prends juste les sachets pour les mettre dans le porte bidon. Le marathon arrive juste après (environ 3H52 pour 4H estimés). Je suis bien, mais pas en total confort (sans doute le départ rapide), pas encore entré dans la course. Avec la relative chaleur, je m'hydrate davantage et je commence à m'éponger, et je ne fais quasiment plus de pauses techniques.
Un peu après 5 heures de course, voyant que la FC est bien stable, je décide de me débarrasser de la ceinture cardio (en fait je devine assez précisément ma FC aux sensations), c'est plus zen d'avoir des chiffres en moins à regarder.

La situation ne change pas jusqu'à l'arrivée des 6 heures, il y a d'un coup quasiment moitié moins de monde sur le circuit, ce qui est agréable à ce moment de la course. Il fait par moment assez chaud au gré du passage des nuages et des allées et venues du vent. Je recherche systématiquement le coté à l'ombre quand c'est possible. Par contre je prends toujours le virage à gauche en dévers en plein dans la pente et assez vite au lieu de prendre au large et tranquillement...

Vers les 7H de course, je saigne pas mal du nez (en me mouchant une nième fois). Cela m'arrive parfois, et ça passe le temps d'un tour. Je prends le temps de m'arrêter au ravito avec l'aide de Wippy (qui vient de remporter le 6H en dépassant les 70 km) pour me nettoyer car ça colle.

En fin d'après midi, je traverse une phase de moins bien qui va durer une bonne heure. A ce moment là, les petits détails comptent: Par exemple René Lecacheur qui était aiguilleur à un point du circuit, mais ne pouvait pas rester au delà de 17H, ça me démotive un peu de ne plus le voir. C'est le moment que choisit Palmatum77 pour venir faire un coucou et tourner un peu. Désolé pour lui et pour d'autres de ne pas avoir été des plus conviviaux à ce moment, je préférais rentrer dans ma bulle pour laisser passer ce coup de moins bien. Mais je suis resté très motivé contrairement à Vierzon en Octobre dernier car je n'avais aucun objectif précis et j'étais prêt à attendre longtemps que ça revienne. De fait, je n'ai que très peu ralenti, j'ai seulement fait des pauses assises tous les 4 tours au lieu de tous les 8 tours jusqu'à présent.
On me dit que je suis 4e à ce moment là. Il y a Didier Albacete, Wilfried (Montana), plus un coureur du CCR92 qui me semble parti très vite devant, mais en fait je me fiche totalement du classement, voire de ma marque. Pour mon second sac (64 tours, 81,8 km), c'est comme le premier, je prends juste mes sachets. Il fait encore relativement chaud vers 18 heures, il est beaucoup trop tôt pour se couvrir.

Paradoxalement, c'est ce coup de moins bien qui va me faire entrer dans la course, et je commence à faire abstraction du coté répétitif du circuit.

En début de soirée je commence à être carrément bien, je pense que je tourne maintenant quasiment au même rythme que les deux premiers Didier et Wielfried. Je gère tranquillement les petits coups de moins bien en ralentissant un peu, puis en ré-accélérant.

Pour me motiver davantage, je m'offre 1/2 binouze au passage des 100 km, ce qui a pour effet de me booster quelques minutes plus tard.
Je m'amuse même à courir nettement plus vite (vers 12 km/h) sur chaque dernier 1/2 tour (globalement descendant) avant d'arriver à un CP virtuel, c'est à dire 1 tour sur 4, non pas pour améliorer ma marque, mais pour me relâcher davantage sachant que cette petite montée de cardio sera suivie d'un arrêt de 1 à 2 minutes, et surtout parce que ça me fait plaisir.

C'est vers la mi-course que Serge92 passe, je le guettais depuis un moment, mais sans impatience, vu que tout se passait bien. Au passage aux 12 heures, je suis agréablement surpris d'être dans les 121 km et en très bon état, tous les voyants sont au vert. Le température commence à bien baisser vers 22H, heureusement le 3e sac n'est pas loin (96 tours / 122,7 km), et j'en profite pour mettre un coupe vent. Par contre comme tout est nickel coté pieds, je ne change pas de chaussures. Je ne m'embarrasse pas non plus de la frontale (petite entorse à ce que j'avais prévu). Je prends mon temps, et je bois une autre 1/2 bière en compagnie de Serge92 qui restera jusque vers 23H.
km 122,7 - 12H10 de course (photo Serge92)
C'est seulement après 13 heures de course que ma moyenne générale passe sous les 10 km/h.

Wilfried en a marre et marche souvent avant de finalement stopper définitivement. Il n'y a plus que Didier 4 ou 5 tours devant, d'après ce que je peux voir quand il passe peu de temps avant moi sur le tapis de chronométrage. Le fait de maintenir l'écart me motive même si je ne joue pas la classement, je pense que ça le pousse aussi un peu.

Globalement, je suis vraiment de mieux en mieux, les moments de moins bien se font rares et courts. Je prends énormément de plaisir à courir la nuit, la plupart du temps seul car il y a de moins en moins de coureurs qui tournent régulièrement.

Je savoure une 3e demi binouze pour le passage des 150 km. Je crois n'avoir jamais été aussi bien sur une course de cette durée même s'il est vrai que ça n'est que la 3e fois que je dépasse effectivement les 12H consécutives de course. Je passe même de longs moments "dans la zone" où je suis zen sans effort apparent, relâché, faisant corps avec le parcours qui est désormais pour moi autre chose qu'une simple boucle de 1278 mètres. Je cours de CP en CP, m'octroyant une petite pause sur ma chaise.

Il commence à faire assez froid, je m'arrête brièvement au ravito prendre un café chaud qui me fait le plus grand bien aussi bien pour me réchauffer que pour me réveiller. Je décide ensuite de m'arrêter pour me changer un peu avant mon 4e sac (petite entorse à mes règles) pour bien anticiper et éviter tout refroidissement. A ce moment, je crois que je suis même revenu à seulement 2 tours de Didier, mais de toute façon, l'arrêt va me faire reperdre 2 tours. Je prends mon temps de me sécher et de me changer de la tête au pieds. J'ai dû ôter mes chaussures pour cause de collant trop étroit en bas, cela me permet de vérifier que mes pieds sont en parfait état. Je mets 3 couches en haut plus gants fins et bonnet. Je préfère avoir bien chaud pour ne pas avoir à m'arrêter une autre fois. C'est assez laborieux de repartir au bout de 10 minutes d'arrêt, mais en 20 ou 30 minutes, je tourne à nouveau quasiment comme avant, toujours à fond dans la course.

Je commence déjà à me projeter sur la fin de ce 24 heures: dans 2 heures il va commencer à faire jour, le CP suivant ou celui d'après je m'arrêterai au ravito pour prendre quelque chose de chaud genre pâtes (le liquide de mon ravito perso commence à être assez froid), quand vais je atteindre les 200 km et ma prochaine bière, vais je ronronner comme ça jusqu'au bout ou aurai je envie d'accélérer un peu sur la fin, ...

C'est arrivé d'un coup, même si la douleur est montée progressivement en haut de la cuisse droite. J'essaie de changer d'allures, de modifier mes appuis, de marcher avec différents styles, mais rien n'y fait, dès que je trotte ou que je marche à plus de 5 km/h c'est très douloureux, ça reste tolérable en marchant plus lentement. 2 ou 3 tours ainsi me semblent bien longs, tout plaisir a brutalement disparu.

Un concurrent me propose une bande de Flector (merci à lui), qu'il va me laisser sur ma table. Je l'applique au tour suivant, mais ça ne fait quasiment aucun effet. Je vais me traîner encore deux tours à tenter de relancer la course, et surtout à me mettre en marche rapide à 6/7 km/h en minimisant les arrêts (méthode Shadock, je me dis que je pourrai ainsi atteindre les 200 km tout en réalisant un bon entraînement de marche rapide très utile en vue du Spartathlon), mais à part la marche lente, tout le reste fait bien mal.

Je n'hésiterai pas longtemps avant de rendre ma puce à Nadine. Cette course n'est pas un objectif, et de toute façon, à quoi bon finir en marche assez lente même si c'est pour être 2e, cela servirait à quoi à part risquer de me blesser davantage et compromettre la suite de la saison. Même si c'est frustrant, il faut savoir s'arrêter à temps. Je n'ai rien à prouver, ni aux autres, ni même à moi-même sur ce coup là. Je pense aussi à garder ma puce afin de pouvoir finir avec tout le monde en marchant sur les dernières heures, mais ça ne me semble pas très correct vis à vis des autres concurrents car je peux encore finir bien classé vu l'écart entre Didier et les autres. Sur un objectif majeur tel que le Spartathlon, il est certain que je me serais battu plus longtemps avant de jeter l'éponge, mais jusqu'à quel point...? La santé avant tout!

Je vais donc me reposer un peu (merci Nadine de m'avoir prêté un duvet), afin de mieux profiter de l'ambiance des dernières heures de course et d'encourager les concurrents qui ont eu le mérite de terminer, notamment Didier qui gagne haut la main en pulvérisant son record perso avec près de 225 km (nouveau record de l'épreuve).

Bilan

Je vais surtout retenir les cotés positifs, c'est à dire tout à part cet abandon en fait.

L'approche mentale et tactique était bonne: il est tout à fait possible de "simuler" une course en ligne sur un circuit, ce dont je doutais beaucoup au départ. Il est d'ailleurs probable que si je recours un 24 heures en performance j'adopte ce schéma (hormis le départ rapide bien sûr) tout en minimisant nettement la durée des arrêts (facile avec de l'assistance). Cela permet d'enlever de la rigidité et de fixer des objectifs intermédiaires en terme de point à atteindre dans l'espace et non dans le temps, ce que je trouve beaucoup plus facile et motivant. Le fait d'écouter son corps et de réguler l'allure en fonction des sensations (dans certains limites quand même) est bien moins usant mentalement que de vouloir respecter un tempo précis coûte que coûte, donc accepter de ralentir quand ça va moins bien, et relancer quand ça revient.

Au niveau de l'alimentation, je vais continuer à diminuer la proportion de liquides. Je pense que quantitativement c'était pas mal: pas de dégoût et aucune baisse sensible d'énergie tout du long. Là aussi un peu de souplesse ne nuit pas tout en respectant les grandes lignes.

Pour la gestion des arrêts aux CP, le fait de s'asseoir 1 ou 2 minutes est bénéfique au niveau du relâchement et le remise en route est relativement aisée. Par contre au delà de 3 minutes, la relance devient assez longue et pénible, ce qui était le cas pour changer de tenue. Il ne faut donc pas se presser, mais pas traîner non plus...

Disposer d'un sac tous les 40 km environ est bien, à la fois pour découper mentalement la course en gros blocs, et afin de bénéficier d'une pause un peu plus longue, pour boire un peu de bière, prendre une collation. Mais il vaut mieux ne pas rester tout le temps assis.

Changement de tenue : Il faut se couvrir avant d'avoir froid, ce que j'ai fait. Seul, cela prends beaucoup de temps, mais au Spartathlon, je ne pense pas avoir besoin de mettre un collant même pour le passage en moyenne montagne la nuit, donc ça sera nettement plus rapide, vu que j'ai surtout mis du temps avec les chaussures à enlever et à remettre.

Chaussures relativement légères : J'avais les mêmes Asics DS-Trainer 17 qu'à Belvès. Le confort a été optimum de bout en bout; aucune ampoule, ni aucune douleur aux pieds. Je pense passer au modèle DS-Trainer 18 (celui que chaussait Didier), et qui est 10% plus léger, ce qui est loin d'être négligeable au fil des kilomètres. Reste juste à tester sur trail peu technique pour voir si ça passe sans avoir à changer de chaussures.

Fatigue très limitée : Bon c'est vrai que je n'ai pas couru les 24 heures, mais ma fatigue générale n'est pas plus importante que sur 100 km pour un temps de course double. Mis à part la cuisse droite (mais c'est moins pire qu'hier), le lendemain de la course, je n'ai quasiment aucune courbature et absolument aucune douleur tendineuse (donc encore mieux que sur 100 km). C'est encourageant, et je signerai tout de suite pour être dans cet état après 17 ou 18 heures de course sur le Spartathlon, certes la course sera nettement plus dure, mais je serai également plus frais au départ.

Pour ce qui est de cette blessure, j'en ignore encore la nature et la gravité, même si ça va beaucoup mieux à J+2, la marche est encore un peu douloureuse. Pour ce qui est de la cause, je vais mettre ça sur le compte de ce virage en dévers abordé plus de 100 fois assez vite, cela a créé un déséquilibre et fait travailler ma jambe latéralement, ce dont, en tant que routier, je n'ai absolument pas l'habitude, étant très attaché à avoir une foulée rasante et dans l'axe.

Mis à part cet arrêt prématuré, je vais finalement considérer ce test comme probant, et je ne referai pas d'autre 24 heures avant le Spartathlon. Priorité à la récupération en Juin, en espérant que je puisse repartir sur une assez grosse préparation sur Juillet puis Août.

Temps de passage tous les 8 tours (cumul arrêts)
 0h54 - 10,2 km (1'30")
 1h49 - 20,4 km (1'40")
 2h43 - 30,7 km (1'00")
 3h44 - 40,9 km (1'40")
(Marathon : 3h52)
 4h46 - 51,1 km (3'30" - 1er sac)
 5h46 - 61,3 km (1'40")
(6H : 63,8 km)
 6h44 - 71,6 km (1'40")
 7h47 - 81,8 km (4'00" - saignement de nez)
 8h49 - 92,0 km (3'50" - 2e sac)
(100 km : 9h38)
 9h52 - 102,2 km (4'20" - 1ere binouze)
10h57 - 112,5 km (2'20")
(12H : 121,5 km)
12h07 - 122,7 km (4'10")
13h17 - 132,9 km (4'20" - 3e sac: coupe vent + 2e binouze)
14h32 - 143,1 km (3'20")
15h44 - 153,4 km (4'50" - 3e binouze)
17h12 - 163,6 km (12'30" - changement complet tenue + café)
(dernier passage avant soucis : 17h36 - 166,1 km, arrêt: 3'20" - 4e sac)
18h38 - 171,3 km

Sans être optimiste, en me basant sur le dernier passage en bon état, j'aurais pu compter sur +/- 212 km, soit 7,5 km/h sur les 6,5 dernières heures), mais il est vrai que c'est dur d'être affirmatif sans l'avoir fait...
Mes arrêts cumulés jusqu'au km 166,1 ont duré 1H pile (à rapporter à 30 minutes sur 24H pour Vierzon 2011). Malgré tout, 1H c'est moins que le "temps ressenti" car j'aurais estimé cette durée plutôt à 1H30 au feeling. On peut donc estimer qu'une durée totale d'arrêt de l'ordre de 2 heures est raisonnable sur le Spartathlon. Par contre j'ai peu marché, ce qui donne une vitesse de progression moyenne (marche incluse) de pile 10 km/h.

Courbes Polar (rouge: % FCM, bleu: vitesse, vert: cadence)